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Des mythes au sujet du bilinguisme décortiqués

Created
25 janvier 2021
Par
Océane Doucet
Le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue au Canada depuis plus de 50 ans. Pourtant, l’insatisfaction envers les services dans les deux langues se multiplie.
À l’approche du début du processus de révision de la Loi sur les langues officielles, des discours contradictoires émanent des différents organismes défenseurs de langue et du gouvernement. Mais lesquels sont véridiques?
Voici donc quatre mythes au sujet du bilinguisme, examinés sous la loupe d’Éric Forgues, chercheur et directeur général de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (ICRML).
À l’approche du début du processus de révision de la Loi sur les langues officielles, des discours contradictoires émanent des différents organismes défenseurs de langue et du gouvernement. Mais lesquels sont véridiques?
Voici donc quatre mythes au sujet du bilinguisme, examinés sous la loupe d’Éric Forgues, chercheur et directeur général de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (ICRML).
L’exode des unilingues anglophones
Le premier ministre Blaine Higgs réfère régulièrement aux difficultés pour les unilingues anglophones de trouver des emplois dans la province, en particulier dans le secteur de la fonction publique.
Toutefois, tel qu’explique M. Forgues, ces inquiétudes ne sont pas tout à fait fondées, si l’on observe les statistiques récoltés.
« En 2016, environ 50% des employés sont unilingues anglophones dans la fonction publique, francophones unilingues c’est plutôt 4 à 5%. »
Ces chiffres se maintiennent approximativement selon des informations du gouvernement du Nouveau-Brunswick obtenues par Radio-Canada en 2019-2020. Malgré tout, Higgs n’écarte pas la possibilité d’y réduire les exigences linguistiques.
L’émigration, source de pression linguistique?
Lors de la sortie du communiqué de presse qui a dévoilé plus de détails au sujet du processus de révision de la Loi sur les langues officielles, une section de texte en a fait sourciller plusieurs.
Selon M. Higgs, l’émigration serait source de pression sur la qualité des services dans les deux langues officielles dans la province. Tout comme la précédente idée avancée par le premier ministre, elle n’est pas basée sur une étude ou des chiffres réputés. C’est justement ce qui inquiète M. Forgues, qui soupçonne un agenda politique orchestré par le parti au pouvoir.
Selon M. Higgs, l’émigration serait source de pression sur la qualité des services dans les deux langues officielles dans la province. Tout comme la précédente idée avancée par le premier ministre, elle n’est pas basée sur une étude ou des chiffres réputés. C’est justement ce qui inquiète M. Forgues, qui soupçonne un agenda politique orchestré par le parti au pouvoir.
« Quand on regarde la Anglophone Rights Association au NB, on voit que c’est des idées qui circulent dans ces réseaux-là (…) que va reprendre le gouvernement Higgs, mais sans nécessairement que ça soit fondé. »
L’absence de porte-parole francophone dans les points de presse
Depuis l’arrivée de la COVID-19 au Nouveau-Brunswick, les messages transmis de la part du gouvernement, seulement donnés par le premier ministre, ne sont donnés qu’en anglais. Bien que la traduction simultanée soit une option, la commissaire aux langues officielles a tranché qu’un tel accommodement n’était pas suffisant et que la nomination d’un porte-parole francophone était nécessaire.
Une élection et plusieurs mois plus tard, rien n’a changé. M. Forgues soutient encore que sans porte-parole, on enfreint la Loi sur les langues officielles.
Une élection et plusieurs mois plus tard, rien n’a changé. M. Forgues soutient encore que sans porte-parole, on enfreint la Loi sur les langues officielles.
Ces lacunes se sont fait sentir aussi récemment que vendredi dernier, lorsque la ministre de la Santé Dorothy Shephard a donné les directives du confinement décrété dans la zone quatre, la région d’Edmundston majoritairement francophone, en anglais.
Le dédoublement dans les services de santé
Les réformes en santé, sujet chaud, font aussi question de polémique linguistique. Higgs a indiqué avoir l’intention de réduire le « dédoublement » dans les régies de santé de la province.
Éric Forgues reconnaît qu’il existe une grande asymétrie dans les services et ressources qui existent du côté de Vitalité et d’Horizon, mais qu’on ne doit pas se limiter à une analyse purement économique de la situation.
Éric Forgues reconnaît qu’il existe une grande asymétrie dans les services et ressources qui existent du côté de Vitalité et d’Horizon, mais qu’on ne doit pas se limiter à une analyse purement économique de la situation.
« On n’est pas seulement sur un terrain économique ici, on est sur un terrain qui touche l’épanouissement de la communauté acadienne aussi. »
En fin de compte, M. Forgues espère que le premier ministre saura être plus à l’écoute des deux communautés linguistiques, alors que les francophones pourraient avoir besoin de parler plus fort pour se faire entendre.
Entrevue tirée de l’émission Jamais trop tôt, diffusée en semaine dès 7h au 93.5 Codiac FM.